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Histoire de papiers

Des moulins pour la forme

Pour comprendre l’origine des différents formats de papier, il faut remonter dans le passé, partir à la découverte de leur fabrication et des événements qui ont amené à définir une nomenclature contemporaine.

Historiquement, des siècles durant, les papiers étaient fabriqués dans des moulins à eau, nécessaires tant pour actionner la pile à maillets que pour fournir l’eau indispensable au processus de fabrication.

À partir de vieux chiffons (d’où le nom de chiffonniers qui les collectent), la pâte à papier préalablement chauffée était placée dans un châssis en bois, appelé « forme », garni de fils de laiton qui retiennent la pâte et laisse passer l’eau, pour réaliser une feuille. Ces formes à papier, réalisées par le formaire (du nom de l’artisan), définissent des formats souvent bien différents d’un moulin à l’autre, tant d’un point de vue national que régional.

L’on comprendra donc que les formats sont avant tout définis par les formes qui en résultent, ces dimensions hétéroclites n’ont que peu été réglementé au fil des siècles.

L'heure de la traçabilité

Pour voir arriver la première décision en ce sens, il faut attendre la fin du XIVe siècle en France. Il n’est pas question alors de légiférer sur les formats mais sur les filigranes, marques d’eau visible par transparence apposée entre les couches du papier. C’est en 1398 que Louis de Tignonville, bailli de Troyes, rend une ordonnance obligeant les papetiers à apposer un filigrane dans leur production, sous peine de confiscation des formes (comme cela se faisait depuis plus d’un siècle en Italie).

Cette ordonnance appuyée et rendue obligatoire par le roi de France Charles VI, ne permet pas encore la « traçabilité » du papier.

Leurs motifs sont principalement issus de trois registres : un registre religieux (« IHS » par exemple), un registre royal avec des lys ou couronnes, et enfin, un registre plus populaire avec des végétaux, animaux et autre symboles.

Cela différencie donc un papier d’un autre en fonction de son filigrane associé à une forme, ce qui vaut à ceux les plus appréciés d’être copiés. En raison de ce risque de plagiat, Henri III demande la sophistication des filigranes par le rajout de l’identité du fabricant. Il faudra ensuite attendre 1741, sur décret de Louis XV, pour voir le filigrane nous renseigner sur la province de fabrication, le millésime et le nom du papetier.

La fabrication se voit alors dûment encadrée par l’arrêt du Conseil d’État sur les tarifs et poids des papiers, qui fixe des dimensions et mesures très précises, rattaché à un nom issus des filigranes qu’ils portent alors.

Cela nous donnes pour la première fois une liste détaillée de 58 formats de papiers rigoureusement établis et uniformisés à tout le royaume.

L'heure de la normalisation

En 1789, Georg Christoph Lichtenberg, un professeur de physique allemand cherchant à déterminer le format idéal de papier, trouva une formule magique : le rapport entre la longueur et la largeur du papier devait être de 1,414 (ou √2) . En 1922 apparaît en Allemagne, une norme issue de ses travaux (la DIN 476).

Certains formats (A2, A3, B3, B4 et B5) furent adoptés antérieurement en France durant la révolution sur la proposition de Lazare Carnot. En 1798, le Directoire fixa ainsi des droits de timbre, notamment sur les documents administratifs, les formats A2 et A3. Après des années de rejets face aux taxes envers les imprimeurs relatif à ces formats, la norme est acceptée en France en 1967.

Elle devient internationale sous le nom de la norme ISO 216 en 1975 (exception faite des États-Unis, du Canada et du Mexique).

Elle a supputé les formats historiques Français, excepté pour certains papiers d’art qui maintiennent le feu de la tradition.

 

Merci à Corentin, étudiant à l’école BOULLE et stagiaire à l’atelier à qui nous avons confié ces recherches historiques et la rédaction de cet article !

 

BIBLIOGRAPHIE

  • Doisy M.-A. et Fulacher P. Papiers et Moulins, Editions Technorama. Arts et Métiers du Livre. Paris, 1997
  • Bustarret, Claire. Répertoire sélectif des filigranes. Inventaire Condorcet. 2016
  • Loré, Martine. La petite histoire des formats. Disponible sur Lien ici. janvier 2024
  • Wikipedia. Liste des formats de papiers. Disponible sur Lien ici
  • L’atelier du papier. Disponible sur Lien ici 
  • Papier artisanal. Disponible surLien ici
  • Papetiers filigranes. Disponible sur Lien ici

Les formats

Les formats anciens que l’on a gardés en France sont les suivants mais avec quelques modifications de dimensions parfois (dimensions exprimées en centimètres) :

  • Cloche (30×40)
  • Pot ou écolier (31×40)
  • Tellière (34×44) – format de l’ancienne administration française
  • Couronne version édition (37×47)
  • Couronne version écriture (36×46)
  • Roberto (39×50) pour le dessin anatomique
  • Ecu (40×52)
  • Coquille (44×56)
  • Carré (45×56)
  • Cavalier (46×62) – Papiers de couvertures, format publicitaire presse
  • Raisin (50×65) – dessin
  • Quart raisin type canson (25×32,5)
  • Double raisin (65×100)
  • Demi-raisin (32,5×50)
  • Format jésus (56×76) – issu de l’Atlas des sentiers et chemins vicinaux. Viendrait de Belgique. Chemins qui viendraient des villages. Sorte de grande carte. Serait toujours utilisé en Belgique.
  • Soleil (60×80)
  • Colombier commercial (63×90)
  • Colombier affiche (60×80)
  • Petit aigle (70×94) pour les cartes et plans
  • Grand aigle (75×106) – plans cadastraux napoléoniens
  • Grand monde (90X126)
  • UNIVERS (100X130)
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