Atelier Fwells : Quelles sont les grandes missions de l’UNIIC ?
Yoan RIVIÈRE : L’UNIIC, qui fédère à ce jour 540 établissements relevant des marchés des Industries Graphiques et 102 établissements hors champ, représente la profession en animant toutes les commissions paritaires et groupes techniques directement liés à la Convention Collective Nationale de l’Imprimerie de Labeur et des Industries Graphiques, afin de réguler les rapports sociaux et organiser la politique formation de la branche. A la fois nous représentons et défendons, en rapport constant avec l’Etat, nous portons si besoin des contentieux lorsqu’ils engagent des intérêts collectifs et nous accompagnons les entreprises, tant sur le plan individuel que collectif : conseil juridique et social, diagnostics techniques, accompagnement vers des labels etc.
A.F. : Quels sont les enjeux actuels du secteur ?
Y.R. : Si l’UNIIC travaille auprès des pouvoirs publics à faire entendre l’impériosité d’une prise en compte des risques qui pèsent sur nos entreprises, tant les alertes s’accumulent depuis des mois (coût des matières premières, énergie, contraintes réglementaires etc.), il faudra de toute façon entamer un mouvement de diversification et d’ouverture vers des produits et des services plus solubles dans les marchés de demain qui, on le sait, seront moins volumiques. De telles réorientations stratégiques ne s’improvisent pas, c’est pourquoi nous proposons des accompagnements à la transformation et à la réflexion. L’enjeu est d’autant plus « actuel » que l’année 2023 pourrait être récessive et donc accélérer le déclin de segments de marché déjà fragilisés. Face à cela, des réponses collectives et partagées apparaissent nécessaires.
A.F. : Vous représentez des entreprises dont la culture d’entreprise, les problématiques environnementales, économiques ou salariales peuvent être très différentes.
Comment parvenez-vous à désegmenter ce secteur aux multiples visages ?
Y.R. : Si les meilleures réponses sont collectives et partagées, il faudra nécessairement faire comprendre aux entreprises qu’elles ont tout à gagner à s’entendre. Surtout si elles viennent d’horizons différents : les donneurs d’ordre ont depuis longtemps cessé de s’intéresser aux procédés. Leur langage est de moins en moins technique et de plus en plus orienté sur de purs aspects de communication, sans qu’ils aient perdu en exigences de qualité au passage.
A nous de proposer des réponses qui soient implicitement multi-procédés, multi-produits et susceptibles de satisfaire une demande qui réclame de la simplicité. Certes, nos métiers, nos procédés et nos chaines de production sont « complexes » : mais c’est à nous de l’intégrer, de l’ingérer, pour être plus lisibles et visibles auprès des donneurs d’ordre.
A.F. : Vous représentez des entreprises dont la culture d’entreprise, les problématiques environnementales, économiques ou salariales peuvent être très différentes.
Comment parvenez-vous à désegmenter ce secteur aux multiples visages ?
Y.R. : Si les meilleures réponses sont collectives et partagées, il faudra nécessairement faire comprendre aux entreprises qu’elles ont tout à gagner à s’entendre. Surtout si elles viennent d’horizons différents : les donneurs d’ordre ont depuis longtemps cessé de s’intéresser aux procédés. Leur langage est de moins en moins technique et de plus en plus orienté sur de purs aspects de communication, sans qu’ils aient perdu en exigences de qualité au passage.
A.F. : Fragilisées depuis de nombreuses années, les industries graphiques doivent se réinventer.
Quels sont les axes et potentiels de développement non-exploités ou sous-exploités jusqu’à présent ?
Y.R. : Le mouvement de fond qui concentre une part essentielle des transformations à opérer dans nos métiers consiste à passer d’une logique de production massifiée, en décroissance claire hors des pays en développement, à celle d’une production de valeur. Que ce soit par de la personnalisation, de l’ennoblissement, du service, de la fonctionnalité intelligente ou une valorisation structurée des contenus, les métiers de l’impression doivent s’adapter tout à la fois à la baisse globale des volumes, à la hausse des demandes pointues et déstandardisées et à l’explosion des exigences règlementaires, notamment sur le volet environnemental. Pour que cela ne se fasse pas au prix d’une perte de notre profitabilité économique – déjà mise à mal ces derniers mois – il faut valoriser l’innovation. Et pour que cela perdure, il faut retravailler notre image auprès des jeunes générations, pour qui les enjeux écoresponsables sont absolument centraux. Il faut construire ces projets avec eux et ne pas juste espérer les voir tomber en pamoison devant un parc machines, nos métiers étant encore parfois trop centrés sur la culture de l’outil.
A.F. : Quel regard portez-vous sur l’artisanat ? Comment ce dernier trouve-t-il sa place dans un secteur très industrialisé ?
Y.R. : L’artisanat est en avance sur la valorisation créative de l’imprimé, notamment dans le rapport qu’ont certains ateliers avec les designers, les artistes ou les graphistes. Faire le lien entre le monde de la création et de la fabrication est un enjeu central, parce que l’imprimé « premium » subsistera. A ce titre, les industriels ont à apprendre des artisans qui ont déjà noué ce lien et à l’inverse, les artisans vont eux aussi certainement devoir adopter des réflexes de production plus « industriels » pour progresser sur des aspects techniques, réglementaires ou RSE, au vu des exigences croissantes en la matière. Notre avenir, c’est certainement d’arriver à nouer le meilleur des deux mondes.