LOÏC DEFONTAINE À L'AFFICHE
« Jamais au grand jamais, vous ne verrez Loïc Defontaine sortir sans son grand cahier à spirale et son stylo à plume. Une manière bien à lui d’attraper les idées, d’éviter qu’un coup de vent ne les emporte au loin. Une pensée, il la note. Une image, il la croque, et parfois l’inverse. Car chez lui, le prolongement naturel de l’idée est le dessin (…) »
Ces propos élogieux de Natalie Thiriez résument parfaitement la personnalité de cet artiste visiblement accompli.
Pour la seconde fois, nous avons le plaisir d’imprimer avec lui son projet d’affiche pour le festival de Cannes dont nous vous parlerons prochainement. En attendant, nous vous proposons son portrait.
Retrouvez Loïc Defontaine sur www.loicdefontaine.com
Portrait : Lionel Barbe
LÀ OÙ TOUT
COMMENCE
« J’étais celui que l’on appelait en classe dès qu’il y avait un dessin à faire »
J’ai toujours dessiné, déjà enfant à Bordeaux, j’étais celui que l’on appelait en classe dès qu’il y avait un dessin à faire. Après mon Bac, je suis venu à Paris pour faire les cours préparatoires de l’Atelier de Sèvres puis j’ai intégré l’école d’Art Graphique Met de Penninghen (ESAG), anciennement Académie Julian. Je suis très investi dans deux domaines : le dessin artistique d’une part et l’art appliqué à une fonction de communication d’autre part.
« Le dessin pour communiquer tout en souriant »
Concernant le côté purement artistique, les principaux artistes qui m’ont marqué sont Toulouse-Lautrec et Rembrandt par le bais de ses dessins. Lors d’un mois passé en Bretagne à dessiner et à parcourir les galeries, j’ai découvert le trait vif et enlevé de Mathurin Meheut pour lequel j’ai une grande admiration.
En ce qui concerne le côté « art appliqué », j’ai compris que j’adorais trouver des concepts amusants, des pirouettes. J’aime les traduire par des visuels forts, simples et impactants.
Les affichistes et dessinateurs que j’ai toujours admirés pour leurs esprits pétillants et imaginatifs sont Savignac, André François, Jean-Pierre Desclozeaux, Fred et Sempé. Ils m’ont montré que l’on pouvait utiliser le dessin pour communiquer tout en souriant. J’aime aussi beaucoup certains dessins et idées de Roland Topor comme l’Affiche du mois de l’Estampe que j’ai acquise en 97.
ET APRÈS ?
Concernant mon parcours, à la suite de mes études, j’ai travaillé durant un an comme graphiste dans le studio de création de la School of Visual Arts de New York et j’y ai réalisé mes premières affiches.
De retour en France, j’ai développé cette passion pour les affiches et j’en ai réalisé pour de nombreuses campagnes nationales telles que « Les Journées du Patrimoine », « En ville sans ma voiture », « Les journées des Métiers d’Art»… J’en ai aussi faites pour la Mairie de Paris, la Mairie de Courbevoie, des Mureaux… Mais j’ai aussi créé des affiches et campagnes de proximité pour la RATP, pour Véolia Transport ou pour EDF.
Je travaille aussi sur des projets très différents comme de la scénographie, des conceptions d’expositions, des films d’animation ou du design. Je viens par exemple, pour le groupe Cotting fabricant de tissus enduits, de concevoir un stand pour le salon Equip’Hôtel dans ce cadre j’ai habillé avec mes dessins un fauteuil imprimé et exposé au salon. Son nom : « Bord’eau ». J’ai joué avec la physionomie du siège : le coussin évoque l’eau, tout autour la faune et la flore y sont représentées. On s’assoie pour se reposer ou rêver.
MON TRUC À MOI…
Conseiller en communication, vous êtes avant tout affichiste.
Pouvez-vous nous parler de ce métier que l’on ne connaît parfois que de nom ?
Pour moi, l’affichiste est la personne qui en une image forte, claire et simple dans son expression nous attire et permet une compréhension du message rapide. Il peut chercher la beauté, l’émotion ou l’humour, mais rien de superflu, la limite c’est la compréhension, l’émotion et l’impact.
LE DESSIN PARLE...
Pour vous le dessin doit être dépouillé de tout superflu pour être « entendu ». Produire du sens avec peu pour envoyer les bons signes : c’est ça être un bon affichiste ?
Oui, si votre image n’est pas simple, si vous en mettez trop ou voulez faire trop beau, vous vous perdez. On parle d’ailleurs de ligne claire pour Tintin. Pour les premiers Tintin, j’ai le souvenir qu’Hergé ne dessinait que ce qui servait l’histoire, le reste ça ne l’intéressait pas. Même quand ensuite il a fait des décors plus recherchés il y a une hiérarchie de lecture et le décor n’interfère pas dans la narration.
Dans l’affiche c’est pareil : l’image attire l’œil, comme on doit communiquer très vite on doit uniquement dessiner ce qui va permettre de comprendre, rien de plus. Si après avoir compris, le sujet nous intéresse, ensuite nous rentrons dans l’affiche pour y trouver les informations dont on a besoin et qui sont elles aussi hiérarchisées.
« JE COMPRENDS POURQUOI J’AIMAIS MON MÉTIER »
« Avec la sérigraphie, je comprends pourquoi j’aimais mon métier » m’avez-vous confié. En quoi la sérigraphie est-elle alors source de satisfaction ?
D’une part, lorsque l’on fait mon métier on passe son temps à faire des projets qui sont imprimés en un nombre d’exemplaires importants. L’habitude est de dire : « tu te rends compte cette affiche a été tirée en XXX exemplaires et elle est diffusée sur tel ou tel endroit ! » Plus la diffusion est importante plus grande semble la réussite. Cependant les visuels vivent sur les murs un tout petit moment allant d’une a quelques semaines avant de disparaître.
Dans le cas de la sérigraphie, c’est le contraire, ce qui donne la valeur c’est l’exception, le petit nombre d’exemplaires, la personnalisation la qualité du processus d’impression et le choix du papier. La sérigraphie est destinée à être pérenne et ne dois pas forcément taper du poing pour exister dans la rue, elle va se placer sur un mur, mais un mur d’intérieur ou dans une collection. Elle sera ainsi vue dans un espace plus intime. De ce fait, j’aborde la création différemment.
DEPUIS VOS ESSAIS EN SÉRIGRAPHIE...
Envisagez-vous maintenant de concevoir vos dessins en fonction de la technique pour de prochains travaux ?
Oui bien sûr, d’ailleurs ce qui est très intéressant c’est la découverte et c’est pour cela que c’est un plaisir de faire ce travail avec Romain car il connait parfaitement son métier, il me guide et répond à mes questions. Avec le processus de sérigraphie, je dois penser mon dessin en couches successives de couleurs et de formes ce qui me pousse à travailler autrement.
Si je vous demandais de faire non pas la pub mais une affiche valorisant la sérigraphie en dessin et avec humour, votre marque de fabrique, que raconterait-elle ?
Je parlerai de Romain, la sérigraphie : pour moi c’est lui !
Non seulement pour son savoir-faire, son talent mais aussi pour son état d’esprit, sa patience et son accompagnement. C’est agréable de construire avec une personne passionnée et sympathique !
Quels sont vos projets en cours et à venir ?
En ce qui concerne la sérigraphie, avec l’autorisation du Festival de Cannes, nous imprimons une affiche qui est un projet officiel que j’ai dessiné il y quelques années. Nous avons aussi en cours 3 sérigraphies sur le thème de Paris et nous avons comme projet de les compléter par 3 sérigraphies sur le thème de la musique et plus particulièrement le Jazz avec lequel j’ai une très grande amitié de longue date.
Je présenterai certaines de ces sérigraphies et certaines de mes affiches lors de la 10 eme édition des « Puces de L’illu » qui auront lieu les 3 et 4 décembre 2022 au Campus Fonderie de l’image à Bagnolet.
Crédit photos : Arnaud Rinuccini
Première illustration : affiche de Loïc Defontaine réalisée dans le cadre du festival de musique classique « Les Musicales du Mesnil le Roi »
PORTRAITS D'ARTISTES EDITES PAR L'ATELIER
MARINE DES MAZERY – Behind the (silk-)screen
Marine des Mazery est une autrice et illustratrice qui sort des cases, à la recherche de nouveaux concepts narratifs : elle conçoit l’illustration voire le livre en tant qu’objet comme un terrain de jeu expérimental.
Depuis sa sortie de l’école CESAN (Centre d’Enseignement Spécialisé des Arts Narratifs) en 2016, elle enchaîne les succès : finaliste des concours jeunes talents du festival BD d’Angoulême et du festival BD Quai des Bulles de Saint-Malo, sélectionnée pour plusieurs résidences, exposée.
CÉDRIC LESTIENNES – L’inventoriste
Cet artiste diplômé de l’École Supérieure d’art de Cambrai est le créateur d’une série d’inventaires farfelus et thématiques : nuages, arbres, animaux se transforment sous sa plume en chimères, en objets ou encore en monuments. Chaque espèce (disons-le aussi pour ses nuages) porte un nom associé à une utilité, une fonction ou une référence.
Ses affiches sont si riches qu’on y passerait des heures à les observer. Et si vous connaissez « Le catalogue des objets introuvables » (1969) alors les inventaires de Cédric Lestiennes vous retiendront de longues minutes avec le même émerveillement.
EMILIE NICOLAS est EMILAS
« Dieu crée les Dinosaures et la femme hérite de la terre »
Emilie NICOLAS alias Emilas est une grande habituée de notre atelier ! Elle y passe maintenant une à trois fois par an pour imprimer elle-même ses créations.
Si vous pensez que les femmes et la nudité féminine sont sa seule source d’inspiration, vous passez à côté d’une partie de la vérité. Alors lisez la suite du portrait de l’une des plus fidèles artistes éditées de l’Atelier Fwells !
AMANDINE LEMAIRE ALIAS HEING
Là où tout prend racine
Amandine Lemaire est rapidement devenue un incontournable de notre boutique avec deux de ses sérigraphies : Le Léopard et La Source. Inspirée par la nature souvent luxuriante, elle nous plonge dans des décors chauds et lointains avec légèreté et sensualité. Ça tombe bien, c’est bientôt l’été ! MAIS Amandine est pleine de ressources : elle se plaît à décliner son sujet de prédilection, la flore et la femme, sur toutes sortes de supports souvent partie prenante du processus créatif.
REMBOBINEZ AVEC MARC PETIT
Les œuvres de Marc PETIT sont le reflet à la fois fidèle et subjectif des films auxquels elles se rapportent de part le choix des scènes et l’agencement des plans cinématographiques.
OLIVIER JUNIERE
Le bleu klein comme fil conducteur
Edité depuis 2019 avec à son actif, « La femme piège », « Les bains », « Corps en mouvement », « Gaïa » et plus récemment « Les chasseresses », Olivier Junière est un incontournable parmi nos publications éditées.
LES MONDES INTIMES
DES DUPIN & DUCLOS
Dupin & Duclos, c’est l’histoire d’un duo qui commence au fond de la classe sur les bancs de LISAA à Nantes en 2011. A l’époque, Jordane et Corentin dessinent sous la forme du cadavre exquis avec pour ambition d’à chaque fois se surprendre mutuellement. Une maison en amenant une autre, les villes commencent à émerger, et le trait à s’uniformiser.
SARAH BORIS
Une artiste made in England
(Re-)Découvrez une artiste dont les œuvres oscillent entre le pop, op art mais aussi la poésie concrète.
L’atelier est heureux de proposer à la vente sa création intitulée « Love ».