MARINE DES MAZERY
BEHIND THE (SILK)SCREEN
Marine des Mazery est une autrice et illustratrice qui sort des cases, à la recherche de nouveaux concepts narratifs : elle conçoit l’illustration voire le livre en tant qu’objet comme un terrain de jeu expérimental.
Depuis sa sortie de l’école CESAN (Centre d’Enseignement Spécialisé des Arts Narratifs) en 2016, elle enchaîne les succès : finaliste des concours jeunes talents du festival BD d’Angoulême et du festival BD Quai des Bulles de Saint-Malo, sélectionnée pour plusieurs résidences, exposée.
Elle est l’autrice et/ou l’illustratrice de plusieurs ouvrages dont « Lily Cane arrête de fumer », co-écrit avec Bénédicte des Mazery et Dr Danani (éditions FIRST), « Le Roi Jéhan », co-écrit avec Bénédicte des Mazery (éditions Lapin) ou encore « Alix et les bêtes sauvages », texte de Lucie Desaublieux qu’elle a illustrés (éditions « tirages de têtes »).
Retrouvez Marine des Mazery sur :
- Instagram : marinedesmazery
- Son site Internet : https://marine-des-mazery.ultra-book.com/
LÀ OÙ TOUT
COMMENCE
Quel est ton parcours ?
J’ai un parcours un peu particulier car j’ai mis du temps à me rendre compte que je voulais me lancer dans la bande dessinée et l’illustration. Suite à un BAC S et à une année sabbatique à Londres, j’ai fait une licence d’anglais à la Sorbonne pour finalement entrer à l’école CESAN (Centre d’Enseignement Spécialisé des Arts Narratifs) à Paris. En 2016, fraîchement diplômée, j’ai été finaliste des concours jeunes talents du festival BD d’Angoulême et du festival BD Quai des Bulles de Saint-Malo. Depuis, j’ai publié deux bandes dessinées. J’ai également été sélectionnée pour plusieurs résidences tout en développant à côté une activité en temps que professeur d’art narratif.
Quelles ont été tes sources d’inspiration ?
J’ai commencé à m’intéresser à la BD grâce à la grande collection que mon père avait et à la passion de mes oncles, tantes et cousins pour le 9e art.
Puis, quand j’ai réellement commencé à me pencher sur le sujet en m’inscrivant au CESAN, j’ai beaucoup appris des échanges avec mes amis et professeurs, tous auteurs et/ou illustrateurs.
Par ailleurs, j’allais énormément aux événements liés à la BD, aux vernissages, expositions, festivals…
T’est-il arrivé de créer une histoire à partir d’une BD ou d’une simple illustration ?
Le concept du livre vient souvent avant le récit. J’aime expérimenter, trouver des contraintes autour desquelles jouer. J’allie le concept et le contenu pour essayer que l’expérience de lecture soit la plus forte possible. Ainsi, j’ai déjà fait deux histoires à double lecture avec l’utilisation de lunettes rouges et je suis actuellement en train de développer un nouveau projet toujours autour du jeu de ce qui est caché et ce qui est à dévoiler.
UN DEVOIR DE TRANSMISSION
Tu as fait trois résidences : à Paris en 2020, en Angleterre en 2021 et une appelée résidence croisée Angoulême/ Bilbao/ Québec en 2022.
Mais en fait, c’est quoi une résidence?
Une résidence est une forme de bourse assignée aux auteurs en faisant la demande. De manière générale, 70% de ton temps est dédié à la création et 30% peut être exploité par l’organisme qui t’accueille. Il peut s’agir d’intervention en milieu scolaire, d’un passage à la radio, ou d’une conférence pour parler de ton travail. En contrepartie, tu reçois un salaire et tu es hébergé sur place.
Les résidences sont vraiment une belle opportunité de se plonger dans la création et dans l’échange avec d’autres auteurs et acteurs du milieu.
La BD et les jeunes
Tu animes des ateliers au sein d’établissements scolaires et associations. Comment fais-tu travailler tes jeunes élèves ?
Lorsque je travaille à l’année avec des élèves, je les fais travailler tout d’abord sur différents exercices qui leur permettent de développer des techniques de dessin, de scénario, de mise en page et d’encrage. Tout ce qui leur permet de faire une bande dessinée de A à Z de manière professionnelle.
Ensuite, nous travaillons sur de plus longs projets. Par exemple, je fais participer les adolescents au concours de la BD scolaire d’Angoulême. C’est un bon exercice pour travailler la création d’une bande dessinée sur un temps limité.
LA PÂTE DE L'ARTISTE
Dans le cadre du projet «Underwater Fate» imprimé à l’atelier…
Tu as illustré tes planches suivant un jeu visuel, une double lecture, observable à l’aide de lunettes avec filtres rouges. La sérigraphie a-t-elle été le procédé d’impression privilégié pour répondre aux contraintes techniques liées à cette double lecture ?
Dans le cas de ce projet, oui. Ce procédé ne fonctionne qu’avec des couleurs pantones très précises, il ne peut donc pas être imprimé dans une imprimerie classique. Vu qu’il sagissait d’un petit tirage pour une exposition au Lyon BD et au festival LICAF (UK), la sérigraphie était un bon moyen d’avoir un rendu de qualité et avec des couleurs qui fonctionnent parfaitement.
En ce qui concerne le Roi Jéhan, ma première bande dessinée utilisant le même procédé, nous sommes passés par une grosse imprimerie (pour gros tirage) qui imprime en pantone.
La double lecture avec lunettes deviendra-t-elle ta marque de fabrique ?
Je souhaite faire un dernier projet avec ce jeu de différentes lectures à l’aide de filtres, mais ce sera différent du rouge et bleu utilisés dans mes deux projets précédents… je ne peux en dire plus pour le moment car je suis en pleine phase d’expérimentation !
Je ne sais pas si ça deviendra ma marque de fabrique. Je pense que l’expérimentation et le jeu en fera sûrement toujours partie car c’est ce qui m’amuse le plus, et c’est ce qui compte ! En espérant que ça parle à d’autres, bien évidemment.
UN BESOIN
UNE TECHNIQUE
Quels sont les autres procédés d’impression que tu affectionnes et que tu as eu l’occasion de tester ?
J’ai eu une période gravure. Je faisais beaucoup d’impression chez moi, de dessin sur Tetrapak (brique de lait) ou bien sur lino. J’ai également eu une période pochoir et tampon.
Je me suis formée à la risographie lors de mon séjour à Québec car nous avons eu accès à une machine dans l’atelier où nous étions, aux côtés des éditions Alto.
1 mot pour qualifier la sérigraphie et ces autres techniques ?
Un mot, ce n’est pas facile ! Allez, j’essaye quand même…
Sérigraphie : coloré
Gravure : unique
Risographie : rapidité
Pochoir et tampon : amusant
Une étape en sérigraphie en double lecture.
Dans l’idée d’une double lecture, quelle étape de sérigraphie illustrerais-tu en rouge (partie visible) et quelle scène serait cachée ?
En rouge, je verrais le sérigraphe montrant fièrement une belle et grande impression. Et en bleu, on verrait, caché derrière l’illu, tout le matos sans dessus-dessous qui a permis de faire cette illustration.
- 13 octobre : Drink & Draw avec l’illustratrice Lucie Arnoux et moi-même, à l’institut français de Londres.
- du 13 au 16 octobre : exposition du projet « Underwater Fate » (développé pour le Comic Art Europe) au festival LICAF (UK), planches imprimées en sérigraphie par l’Atelier Fwells
Photos de chaque colonne (de gauche à droite) : portrait de Marine des Mazery par André Jouanjan – Photographe ; Centre culturel de Bilbao – Azkuna Zentroa, avec Marine des Mazery, Higinia Garay (Bilbao) et Jimmy Beaulieu (Québec) tous deux auteurs de BD ; Illustration de planches de BD réalisées dans le cadre des résidences, avec des jeunes ; Zoom sur une page de Underwater Fate imprimée à l’atelier ; encres et cadre utilisés pour l’impression de Underwater Fate à l’atelier.
Photos du diaporama : « Underwater Fate » de Marine des Mazery ; Tigre ; illustration pour le magazine Alibi
PORTRAITS D'ARTISTES EDITES PAR L'ATELIER
CÉDRIC LESTIENNES – L’inventoriste
Cet artiste diplômé de l’École Supérieure d’art de Cambrai est le créateur d’une série d’inventaires farfelus et thématiques : nuages, arbres, animaux se transforment sous sa plume en chimères, en objets ou encore en monuments. Chaque espèce (disons-le aussi pour ses nuages) porte un nom associé à une utilité, une fonction ou une référence.
Ses affiches sont si riches qu’on y passerait des heures à les observer. Et si vous connaissez « Le catalogue des objets introuvables » (1969) alors les inventaires de Cédric Lestiennes vous retiendront de longues minutes avec le même émerveillement.
EMILIE NICOLAS est EMILAS
« Dieu crée les Dinosaures et la femme hérite de la terre »
Emilie NICOLAS alias Emilas est une grande habituée de notre atelier ! Elle y passe maintenant une à trois fois par an pour imprimer elle-même ses créations.
Si vous pensez que les femmes et la nudité féminine sont sa seule source d’inspiration, vous passez à côté d’une partie de la vérité. Alors lisez la suite du portrait de l’une des plus fidèles artistes éditées de l’Atelier Fwells !
AMANDINE LEMAIRE ALIAS HEING
Là où tout prend racine
Amandine Lemaire est rapidement devenue un incontournable de notre boutique avec deux de ses sérigraphies : Le Léopard et La Source. Inspirée par la nature souvent luxuriante, elle nous plonge dans des décors chauds et lointains avec légèreté et sensualité. Ça tombe bien, c’est bientôt l’été ! MAIS Amandine est pleine de ressources : elle se plaît à décliner son sujet de prédilection, la flore et la femme, sur toutes sortes de supports souvent partie prenante du processus créatif.
REMBOBINEZ AVEC MARC PETIT
Les œuvres de Marc PETIT sont le reflet à la fois fidèle et subjectif des films auxquels elles se rapportent de part le choix des scènes et l’agencement des plans cinématographiques.
OLIVIER JUNIERE
Le bleu klein comme fil conducteur
Edité depuis 2019 avec à son actif, « La femme piège », « Les bains », « Corps en mouvement », « Gaïa » et plus récemment « Les chasseresses », Olivier Junière est un incontournable parmi nos publications éditées.
LES MONDES INTIMES
DES DUPIN & DUCLOS
Dupin & Duclos, c’est l’histoire d’un duo qui commence au fond de la classe sur les bancs de LISAA à Nantes en 2011. A l’époque, Jordane et Corentin dessinent sous la forme du cadavre exquis avec pour ambition d’à chaque fois se surprendre mutuellement. Une maison en amenant une autre, les villes commencent à émerger, et le trait à s’uniformiser.
SARAH BORIS
Une artiste made in England
(Re-)Découvrez une artiste dont les œuvres oscillent entre le pop, op art mais aussi la poésie concrète.
L’atelier est heureux de proposer à la vente sa création intitulée « Love ».
